Florence, juin.
Le soleil tombe à la verticale sur les pierres blondes, l’Arno glisse mollement sous les ponts, et la ville bruisse d’un théâtre bien particulier : le Pitti Uomo. Ici, l’élégance s’affiche, s’assume, se cherche parfois. Dans ce bain d’esthétisme assumé, j’ai porté un costume Prince de Galles beige — léger, fluide, traversé d’une fine rayure verte.
Le porter en plein été, ce n’est pas une provocation. C’est une question d’attitude. Et de choix. Car bien porter le costume quand il fait chaud, c’est tout un art — un art du détail, de la matière, de la décontraction maîtrisée.
Un costume pensé pour respirer
Le mien, ce jour-là, est signé Blandin & Delloye, réalisé sur mesure dans ma boutique aux Sables d’Olonne. Il est taillé dans un mélange laine-lin léger, avec une veste semi-doublée — un détail que je recommande vivement pour l’été. Cette construction allège considérablement la veste tout en conservant sa tenue et son élégance, et surtout, elle laisse mieux circuler l’air, indispensable quand la chaleur monte.
Aux épaules souples, avec un tombé fluide qui suit le mouvement sans jamais le contraindre, le costume épouse le corps sans l’écraser.
Le pantalon, taille haute, se distingue par un double boutonnage à la ceinture qui structure la silhouette tout en assurant confort et maintien. Sa coupe légèrement raccourcie et dotée d’un barre revers permet de laisser davantage circuler l’air, idéal quand le mercure grimpe. Ce détail, à la fois pratique et esthétique, donne à la tenue une allure moderne et décontractée.
Le motif Prince de Galles, dans une teinte sable adoucie, se dévoile sous la lumière toscane avec une subtilité volontaire. Et cette rayure verte, fine, presque confidentielle, fait discrètement écho à mes lunettes signées TBD, vert bouteille.
L’élégance ne crie pas. Elle chuchote à ceux qui savent regarder.
Le polo en maille : la sprezzatura incarnée
Plutôt qu’une chemise, j’ai glissé sous la veste un polo en maille écru, fin, respirant, col ouvert. C’est là, je crois, que tout s’est joué. Ce geste simple — ne pas chercher à trop « habiller » le costume — donnait à l’ensemble une nonchalance italienne. Une allure sans rigidité. Ce que les Florentins appellent la sprezzatura : l’art de l’élégance sans effort apparent.Et pour rester dans cet esprit, j’avais troqué les derbys ou Richelieus classiques contre une paire de mocassins en suède kaki. Légers, souples, presque silencieux. Une touche terreuse sous un ensemble minéral.
Comment bien porter le costume en été ?
Voici ce que cette journée à Florence m’a confirmé : il est tout à fait possible — et même désirable — de porter un costume en été. Mais à condition de respecter trois grands principes.
1. Choisir la bonne matière
L’été ne supporte pas les erreurs de tissu. Un bon costume d’été doit respirer. Privilégiez les laines froides, les toiles aérées, les mélanges laine-lin ou coton-soie. Visez les 220 à 250 g/m² maximum. Le confort vient d’abord de là.
2. Alléger la coupe et la construction
Au-delà du tissu, la construction de la veste est cruciale. Je conseille la semi-doublure pour garder la légèreté et la souplesse sans sacrifier la tenue. Optez pour des épaules naturelles, une coupe fluide et un pantalon léger, taille haute avec des détails pratiques comme un double boutonnage et un barre revers légèrement raccourci, parfait pour laisser respirer la peau.
Le costume doit épouser le corps, pas l’écraser. La liberté de mouvement est indispensable en été.
3. Jouer sur l’équilibre des contrastes
Un costume clair appelle des touches plus sombres, ou plus profondes. Ici, la rayure verte fait le lien entre le tissu et les accessoires. Les lunettes TBD vertes, les mocassins kaki, le polo écru : chacun joue sa note sans voler la vedette.
Le secret : toujours introduire un détail inattendu — mais jamais gratuit. Ce petit décalage donne vie à l’ensemble. Il rend la tenue vivante, incarnée.
Conclusion : l’élégance d’été n’est pas un calcul
Ce jour-là, au Pitti, j’ai vu des vestes trop serrées, des tissus trop brillants, des looks qui semblaient pensés pour Instagram plus que pour la rue. Et puis j’ai vu, aussi, des hommes qui semblaient habiter leurs vêtements. C’est à eux que je pense quand je parle de style.
Le costume en été ne doit pas être une contrainte. Il peut devenir, au contraire, une seconde peau. Pour cela, il faut le bon tissu, la bonne coupe, et surtout, la bonne liberté intérieure. Celle de ne pas chercher à paraître. Celle d’assumer un polo sous une veste, un mocassin sans chaussette, un motif discret comme une confidence.L’élégance ne tient pas à ce qu’on porte, mais à la manière dont on le porte. Sous le soleil de Florence, je n’ai pas eu besoin d’en faire trop. Mon costume m’a suivi comme une ombre fraîche, un allié dans la lumière.
Remerciements
Un grand merci à Fran Calderon, photographe espagnol talentueux, pour ses clichés qui ont su capturer l’essence de cette tenue et l’ambiance particulière de Florence. Son regard a sublimé ce costume Prince de Galles beige, rendant visible ce qui, parfois, ne se dit pas.
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Le style n’attend pas la saison. Il se cultive chaque jour.
